L’algorithme des couleurs de Jean-Gabriel Causse

9782081457942L’Algorithme du coeur, c’est ma découverte printanière rendue possible grâce à Babelio. Il y a maintenant quelques années j’avais eu la chance de découvrir Virginie Grimaldi grâce à eux. Cette fois c’est une rencontre avec Jean-Gabriel Causse qui m’a fait découvrir cet auteur.

L’Algorithme du coeur, c’est le deuxième roman de Jean-Gabriel Causse (je peux dire deuxième et non second car il nous a dit travailler actuellement sur son 3e roman).

Pour le résumer en une phrase : L’Algorithme du coeur, c’est un roman d’anticipation un peu, d’humour aussi, de vulgarisation scientifique, mais surtout un roman au ton résolument optimiste. Ce qui n’est pas désagréable en ces périodes troublées.

Mais de quoi parle L’Algorithme du coeur ?
Voici ce que nous en dit la 4e de couverture
« Une trentaine de missiles nucléaires dans les airs … subitement détournés ! Qui a sauvé notre planète d’une Troisième Guerre mondiale ? Justine, jeune hackeuse éthique, va comprendre qu’Internet s’est découvert un instinct de survie.
Internet, qui abrite l’ensemble de notre savoir, est en train de s’éveiller grâce à nos logiciels d’apprentissage. Il lui manque pourtant quelque chose d’essentiel : l’intelligence des émotions. Justine n’a pas le choix : elle doit faire son éducation et lui apprendre l’empathie. Elle devra faire vite : nombreux sont ceux qui n’ont aucune envie de le voir grandir.  »

Alors connaissez-vous Arpanet ? Non ? Vraiment ? Pourtant nous ne pouvons plus nous en passer ! C’est en effet le nom originel de ce que nous connaissons aujourd’hui comme Internet. Et c’est donc l’un des personnages principaux de ce roman… ou comment l’intelligence artificielle devient dotée d’une conscience d’elle-même.
On y rencontre également Justine la hackeuse et Thomas Philips, un militaire dont les certitudes seront mises à mal au fil de l’histoire.
En personnages secondaires, nous n’avons rien de moins que les 44e et 45e Présidents des États-Unis ! (je vous laisse allez voir desquels il s’agit ;-))

Plutôt que de crier aux dangers de l’intelligence artificielle, Jean-Gabriel Causse préfère une approche plus raisonnée : oui il faut être vigilant mais l’intelligence artificielle représente surtout une incroyable opportunité pour le genre humain.
Pour lire régulièrement des articles (de vulgarisation) sur cette thématique, une approche positive, un peu naïve (mais pas dans le sens négatif du terme) cela fait du bien. Nous ne devons pas foncer les yeux fermés dans toutes ces technologies mais il ne faut pas pour autant se priver de ce qu’elles peuvent nous apporter.

On peut en effet dire que sous des couverts d’une histoire attachante et mignonne, l’auteur en profite pour nous instruire sur l’intelligence artificielle. Les faits scientifiques qu’ils citent sont vérifiés et vérifiables.
Il a par exemple rencontré des hackers pour comprendre leur philosophie et mieux construire le personnage de Justine. En clin d’œil, il les a remerciés en ajoutant dans sa couverture une référence à cette communauté.

Parlons-en d’ailleurs de cette couverture car je l’aime beaucoup. Avant la lecture du roman, elle attire l’œil, elle est plutôt joyeuse. Après la lecture, on comprend que cette couverture est comme un résumé de l’histoire ; il y a plein de détails des moments clés de l’histoire. C’est une œuvre signée Djohr, qui fait des choses très sympathiques par ailleurs : http://djohr.com

Sur l’auteur enfin, sa biographie nous dit :
« Jean-Gabriel Causse est un designer français.Diplômé de l’École supérieure de publicité en 1992, il a été créatif publicitaire de 1993 à 2007 chez BBDO, BDDP&FILS puis DDB. Il a été élu créatif français de l’année 2002 par le journal CB News. Il crée en 2007 la marque de textile Bluebretzel qui s’appuie exclusivement sur des couleurs de légendes comme les yeux de Mona Lisa, le bleu de la terre vu depuis Apollo 17, le sorbet Framboise de Berthillon, le vert de la 2CV verte de 1976, etc. Depuis 2007, Jean-Gabriel Causse donne des conseils en couleurs dans tous les domaines (automobile, textile, packaging, aménagement d’intérieur, etc.). Au Japon, il est le designer du groupe Onward Textile (Joseph, Jil Sander, DKNY Asie, 23ku, etc.) où, depuis 2009, il définit des gammes chromatiques et crée des événements autour de la couleur. Spécialisé dans la couleur, il l’aborde non seulement d’un point de vue esthétique ou tendance mais aussi en tenant compte des influences qu’elles peuvent avoir sur nos perceptions et nos comportements.  »

Ca claque, non ?!
Ayant eu la chance de le voir en vrai ou IRL (in real life) comme dirait certains, j’y ajouterai mon ressenti personnel. Jean-Gabriel Causse est à l’image de son roman. Il apparaît comme quelqu’un de curieux, d’optimiste, de partageur, de naïf et de joyeux. Il semblait ravi de rencontrer ses lecteurs (plutôt des lectrices pour le coup d’ailleurs) et de connaître leur ressenti sur son roman.

Je n’ai plus qu’une chose à faire maintenant aller découvrir son premier roman, Les Crayons de couleur.

A l’orée du verger de Tracy Chevalier

2018 commence pas trop mal question lecture. Après le roman léger de David Foenkinos, place à un roman plus dur de Tracy Chevalier. D’elle je n’avais lu que La jeune fille à la perle, la genèse de la création du célèbre tableau de Vermeer, que j’avais apprécié.
Ambiance toute autre pour À l’orée du verger qui se déroule aux États-Unis au XIXe siècle.
On y découvre la famille Goodenough qui a quitté le Connecticut pour s’établir dans l’Ohio, plus précisément dans le Black Swamp, une région marécageuse.
Une famille nombreuse au départ avec James et Sadie et leurs 10 enfants mais dont la moitié au début du roman sont déjà décédés de la fièvre des marais. On rencontre donc Caleb, Nathan, Sal, Robert et Martha.
Comment fait la famille Goodenough pour tenter de vivre décemment dans cette région ingrate : elle cultive des pommiers.
Quelles pommes font pousser les Goodenough ?Des reinettes dorées venues du Connecticut et importées d’Angleterre par les ancêtres de James et des pommes à cidre. Les graines et les plants de ces dernières sont vendues par John Chapman, dit John Appleseed, qui arpente l’Ohio à bord de son canoë. Personnage qui a réellement existé et dont vous pouvez en apprendre plus en cliquant ici.
James aime cultiver les pommes, il fait tout pour atteindre le seuil des 50 pommiers qui lui confèrera la propriété de son terrain.
Sadie elle est plus amère, ce qu’elle aime des pommes c’est surtout leur eau de vie… Elle est saoule une bonne partie de la journée.
On suit leur quotidien tantôt raconté par l’un tantôt par l’autre…
Tracy Chevalier s’attarde dans cette première partie sur deux des enfants : Robert le dernier né et le seul né dans les marais, à qui James transmet son amour des pommiers et de la nature. Et Martha, la plus jeune des filles, timide, voulant toujours bien faire.
Ils seront les protagonistes de la suite de l’histoire après la fin sordide de James et Sadie. Dans la suite du roman le personnage principal devient en effet Robert que l’on suit dans sa fuite vers l’ouest jusqu’à son arrivée en Californie où il ne peut aller plus loin à moins de plonger dans l’océan. Il exerce tous les métiers possibles et imaginables durant ce périple
Il  découvre en Californie les redwoods et les séquoias et devient l’assistant du botaniste William Lobb,la dernière activité qu’on lui connaîtra. Avec lui il peut poursuivre sa connaissance et son amour de la nature avec une certaine forme de paix avant d’être rattrapé par la famille mais je n’irai pas plus loin.
Par des mots simples, Tracy Chevalier nous fait vivre les États-Unis du 19e siècle, les chercheurs d’or, un pays sauvage, dur et rugueux. Robert n’est pas expansif et l’auteur adapte son style à son personnage quand il prend le centre du récit. Et pourtant on s’accroche, on parcourt les kilomètres avec lui et on partage ses expériences, on a envie parfois de lui tirer les mots de la bouche, de lui dire simplement Vis mon garçon !!! Mais l’alchimie de la lecture fonctionne.
Tracy Chevalier a voulu également via cette histoire parler de John Appleseed que j’évoquais plus haut. Elle a fait d’importantes recherches documentaires sur la culture des pommes sur la botanique, les arbres… Et alors que c’est un sujet qui ne m’interpelle pas vraiment, j’ai lu avec intérêt ce roman.
Difficulté des relations humaines et familiales, botanique, road trip dans l’Amérique des pionniers il y a un peu de tout ça dans À l’orée du verger !